Quand Zacharie sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ses voisins comprirent que, dans le sanctuaire, il avait eu une vision.

Évangile selon saint Luc chapitre 1, verset 22

C’est Dieu qui donne les enfants. C’est pourquoi nous ne sommes toujours que les enfants adoptés de nos parents. Dans tout engendrement, il y a une forme d’annonciation. L’Esprit du Seigneur est là, toujours, quand une chair se forme dans le secret des entrailles d’une femme. Les femmes stériles de la Bible savent assez bien cela. Elles ont longtemps attendu, comme la maman de Samson ou la maman de Jean. Et voilà qu’un jour, elles entendent comme une promesse, un fils leur est donné. Alors, « l’Esprit du Seigneur commence à s’emparer de lui »*. 
L’Esprit de Dieu, lorsqu’il s’invite ainsi, revendique l’exclusivité de la vie qu’il suscite. Ce n’est pas vrai seulement des nazirs, ces hommes consacrés à Dieu qui ne boivent ni vin ni boisson forte ; c’est vrai de tout ce que l’Esprit touche.

Or, tout homme est une chair touchée par l’Esprit. Tout Homme est consacré à Dieu, dès le sein de sa mère, voué à devenir un Fils de Dieu. Zacharie, grand prêtre, bouleversé par l’ange de majesté qui se tient devant lui, en a le souffle et le verbe coupés. 
Un enfant, quand on l’a tellement attendu, est un bonheur trop grand. Mais surtout, Zacharie doit entrer dans le silence pour apprendre à écouter ce qu’Élisabeth découvre dans ses entrailles, la voix de fin silence de Dieu, ce souffle créateur qui d’un peu de poussière fait un homme à sa ressemblance. Alors, en préparant la venue de cet enfant, Zacharie comprend qu’il est lui aussi un fils de Dieu dont l’Esprit s’est emparé pour faire son œuvre. Grâce à son fils Jean, « Dieu fait grâce », il se découvre Fils.

* Livre des Juges, chapitre 13, verset 25

Soeur Anne Lécu est Dominicaine à Paris. Elle est médecin en prison et participe à un séminaire d’éthique biomédicale au Collège des Bernardins.

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