Je te le dis, lève-toi, prends ta civière et retourne dans ta maison.

Évangile selon saint Luc, chapitre 5, verset 24

À l’hôpital des sœurs dominicaines de Mvog Betsi au Cameroun, dans un pavillon placé sous le patronage de saint Raphaël – littéralement, Dieu guérit –, on lit cette inscription au mur de la salle commune : « Guérir parfois, soulager souvent, aimer toujours. » Trois verbes pour mettre «l’homme debout » à la suite de la parole de Jésus au paralytique : « Lève-toi et marche. »* Vivre debout, même alité, quand la mort approche. 
Ce qui m’a particulièrement touchée pendant mon séjour comme psychologue est la figure du garde-malade. Pas question de laisser seul un proche. Famille et amis se mobilisent, peu importe les sacrifices à faire. Le malade est assuré, nuit et jour, d’une présence réconfortante, d’une écoute et d’une prière jusqu’aux derniers instants de sa vie. Il n’est pas celui qu’on fuit aujourd’hui dans nos sociétés occidentales.

Certains souvenirs resteront pour toujours dans ma mémoire. Comme cette femme qui a chanté des psaumes au chevet de sa maman jusqu’à son dernier souffle, pour qu’elle s’en aille dans la paix et l’espérance. Je n’avais jamais vu autant de quiétude et de joie au départ d’un proche aimé. Quelle déchirure de perdre celui, celle qu’on aime ! 
Pourtant, beaucoup de familles camerounaises m’ont montré qu’on ne doit pas avoir peur de la mort. J’ai alors senti qu’être proche de ces mourants était comme un privilège : celui de toucher de tout près le grand mystère de la visite de Dieu dans notre chair, dans notre vie. De la naissance, jusqu’à la fin. De la crèche au tombeau. Maintenant et à l’heure de notre mort.

* : Évangile selon saint Luc, chapitre 5, verset 23.

Bénédicte est psychologue. En tant que volontaire Dom&Go, elle a soigné les patients de l'hôpital des soeurs dominicaines de Yaoundé, au Cameroun, pendant six mois.

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