Frère Dominique Nguyen Thành Luong est Dominicain du Viêt Nam depuis 1993. Il vit depuis 2 ans en France pour aider les frères du couvent de Lille.
Pour cette première semaine de l’Avent, nous voilà partis au Viet Nam avec le frère Dominique. L’annonce de la venue d’un Sauveur, Dieu fait homme bouleverse nos fantasmes d’un d’un Dieu lointain, puissant et implacable. Au Viet Nam, le roi était jadis une autorité redoutée, un juge inaccessible, un quasi dieu sur terre. Or le roi de gloire vient à nous sous la figure d’un bébé fragile, apparemment semblable à tous les bébés de la terre. La découverte de la proximité de Dieu est une révolution : Dieu se fait homme pour que les hommes puissent devenir Dieu…
Qui es-tu, frère Dominique ?
Je m’appelle frère Dominique Thành Lượng. Je suis entré chez les Dominicains au Viet Nam en 1993. J’ai prononcé mes mes voeux en 1997, dans un couvent dominicain à Saigon.
J’ai été envoyé l’an passé en France pour aider les frères du couvent du Lille. Je donne un coup de mains à une paroisse de la banlieue lilloise et je mets ma formation technique en audiovisuelle au service de Retraite dans la Ville.
Quelle est la place de la Parole de Dieu dans ta vie ?
La Parole du Seigneur que j’ai choisie lors de mon entrée dans la vie religieuse c’est ce verset de saint Jean : Dieu est amour (1 Jn 4,8). Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, pour la première fois dans l’histoire des civilisations, que ce soit dans le monde occidental ou dans le monde oriental, Dieu se révèle non plus seulement comme le tout puissant, le créateur, le sage, le bienveillant. il est carrément l’amour. Amour est son nom, et il est la source de tout amour. Alors, ma vie dominicaine a pour unique but de chercher Dieu et de parler de Son amour. Cette parole d’amour, c’est avant tout dans la Bible qu’elle résonne.
Qu’est-ce qui te semble le plus important dans le temps de l’Avent ?
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. (Jn 3, 16). Noel c’est pour moi Dieu qui s’est fait chair et qui vit parmi nous. Jésus enfant nous révèle Dieu le Père. Quel paradoxe ! C’est la grande nouveauté du christianisme par rapport à l’autre religion le bouddhisme dans mon pays le Viet Nam.
Jésus, Lumière des nations
Siméon reçut l’enfant Jésus et bénit Dieu : “Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël.”
Évangile selon Saint Luc, chapitre 2, versets 30 à 32
Nous avons 23 jours et 4 dimanches pour découvrir et accueillir l’Enfant Jésus, lumière des nations, de toutes les nations ; Jésus, lumière des peuples, de tous les peuples. Du vôtre, comme du mien, le Viêt Nam. Dans notre culture, Jésus, source de toute lumière, est la lumière royale.
Avant Jésus, Confucius avait marqué nos mentalités. Dans son enseignement, le roi est appelé fils de Dieu. Mais il règne et juge sans partage. On lui doit fidélité et obéissance y compris jusqu’à la mort. On le craint. On n’ose même pas dire son prénom, ni le regarder face à face. Devant lui, on recule et on baisse la tête. Sur son trône, il est Dieu.
Quand le christianisme atteint le Viêt Nam au XVIe siècle, Jésus, proclamé roi dans l’Évangile, vient renverser l’image que l’on se fait d’un roi.
Chacun de nous peut lui parler, comme « un ami parle à un ami »*, de cœur à cœur. Il nous invite à aimer, à aimer jusqu’au bout**, à se donner sans limites aux autres, mais toujours librement. Il est là comme un frère aîné qui guide et éclaire notre vie. Voilà de grandes nouveautés !
À Noël, nous fêterons la venue de Jésus, envoyé par Dieu son Père. À Bethléem, dans la nuit, pauvrement, il sera la lumière. Pas seulement pour Israël, mais pour toutes les nations. Il se révèle le nouveau roi, pour toi, pour moi, pour nous tous.
Pendant ce temps de l’Avent, venus de tous les continents, découvrons le mystère de Dieu qui vient prendre notre chair et vivre au milieu de nous. Ce nouveau roi, veux-tu qu’ensemble nous le découvrions ?
* : Livre de l’Exode, ch. 33, v. 11** : Évangile selon St Jean, ch. 13, v.1